Parler de la sexualité demeure un tabou au Maroc. Pourtant, c’est parce que les construits de la sexualité patriarcale dépossèdent les femmes de leur corps, qu’elles se voient renier leur liberté de circulation, entre autres. Donc, réclamer le droit de se réapproprier son propre corps ne se réduit pas à une simple remise en question de la norme des bonnes conduites sexuelles. Quand le corps d’un groupe social donné est approprié sexuellement par un autre, cela signifie que les structures sociales et politiques déshumanisent ce groupe dans un semblant de légitimité. En d’autres mots, le corps, le sexe, la sexualité et les relations femmes/hommes s’inscrivent directement dans un champ politique. Si cette dimension tend à être occultée, c’est parce que les femmes ne sont pas perçues comme des êtres humains à part entière. Par conséquent, exiger le droit de se réapproprier son propre corps n’est pas autre chose qu’exiger la réhabilitation de son humanité, avec le droit le plus élémentaire de tout être humain qui lui est rattaché, à savoir le droit à l’autonomie personnelle.
Extrait de mon livre Le Sexe Nié