Mohamed Ameziane est né en 1889 dans la province de Nador, dans le Rif oriental. Après des études à Fès, il devint cadi (juge), à l’âge de 31 ans, dans sa région natale. Il voyait au jour le jour les progrès de l’infiltration coloniale. La Compagnie espagnole des mines du Rif s’implanta en premier. La construction du chemin de fer suivit aussitôt : l’Espagne projetait de relier les mines de fer de Djébel Ouksen à l’enclave de Melilla. Indigné par cette appropriation illégitime des ressources naturelles du pays, Ameziane réunit les tribus du Rif autour de lui. Armés de fusils moyenâgeux, il faut bien le dire, les combattants réussirent à stopper l’entreprise. De plus, ils parvinrent à infliger de sérieuses défaites à l’armée ibérique, la plus célèbre étant la bataille du Ravin-Aux-Loups en 1909. Dès lors, Madrid décida de se venger. Elle empocha un dédommagement de plusieurs millions de pesetas pour ses pertes humaines et financières lors de ces combats sur le dos du peuple marocain auprès du sultan. Aussi, elle dépêcha des dizaines de milliers de soldats professionnels dans la région. Avec un déséquilibre d’effectifs aussi grand, elle parvint à assassiner Ameziane en 1912, et à traîner sa dépouille de village en village, avec le dessein de décourager toute idée de rébellion. Mais c’est l’inverse qui se produisit, comme c’est souvent le cas dans de telles circonstances.
La résistance persista et culmina, une décennie plus tard, avec la guerre du Rif qui donna naissance à la légende de Mohamed ben Abdelkrim al-Khattabi, connu sous le simple nom d’Abdelkrim, celui qui fit trembler les empires coloniaux, dont l’Espagne, entre 1921 et 1926.