Talite est rentrée dans l’histoire quand son neveu Hamime, dont le vrai nom est Abdallah ibn Manallah abou Khalf ben Zeroual, s’est déclaré prophète au 10ème siècle au sein de sa tribu Oued Rass, dans la région de Ghmara, dans les pays du Rif. En effet, celui-ci a fondé sa religion, dont la foi repose sur trois piliers : croire en lui, croire en son père Manallah, et croire en sa tante Talite, Taliya ou Tanfite selon d’autres sources. Celle-ci est alors décrite par les historiens comme une kahina, soit une personne à qui l’exercice de la divination et de la sorcellerie confère une autorité politique. Mais elle n’est pas la seule à être une kahina : Hamime a une sœur, Dajou, qui pratique également la sorcellerie et l’art divinatoire – à moins qu’il ne s’agisse de la même personne. Quoi qu’il en soit, les membres des tribus du Rif consultent cette dernière pour avoir son soutien durant des batailles ainsi que durant les périodes de sécheresse. Aussi, ils trouvent du réconfort auprès d’elle.
Comme Talite a pratiqué l’art divinatoire au 10ème siècle, c’est-à-dire après l’introduction de l’Islam au Maroc, les historiens l’ont dépeinte avec des mots fort méprisants. Ainsi, celle-ci a été perçue comme une agitatrice, qui a contribué au désordre religieux et à la division de la communauté musulmane. Pourtant, de toute vraisemblance, la famille de Hamine a eu une longue histoire dans l’exercice du pouvoir que confère le don de divination, puisque cette dernière a eu une foule de suivants. De plus, jusqu’à nos jours, la mémoire collective des régions du Rif retient encore le nom de cette famille.
Sources consultées :
Ahmed Ben Khaled An-Naciri, Kitak al-istiqsa’, vol. 1 (Dar Baydaa : Matbaat an-najah al-jadida, 1954), 192-193.
Maalamat al-Maghrib/L’encyclopédie du Maroc, Dictionnaire alphabétique des connaissances sur le passé et le présent du Maroc, vol. 10 (Salé : Association des auteurs marocains pour la publication, 2005), 3286-3287.
Abi Obaïd al-Bakri, Kitab al-massalek wa al-mamalek, vol. 2 ( Qartaj : Dar al-Arabiyah lil kitab, 1992), 776-777.