L’histoire récente du Maroc reste encore largement inédite, marquée par des silences et des omissions qui façonnent le récit officiel. Plusieurs figures politiques et intellectuelles, qui ont pourtant joué un rôle clé dans la construction du pays moderne, ont été reléguées à l’oubli, voire effacées de la mémoire collective. L’une de ces figures est Abdallah Ibrahim, un acteur incontournable du mouvement national et du projet social-démocrate au Maroc indépendant.
Né en 1918 à Marrakech, Ibrahim s’engage dès son adolescence dans la lutte pour l’indépendance, cofonde le Parti de l’Istiqlal en 1943 et participe aux négociations d’Aix-les-Bains en 1955, tout en exprimant sa déception face au retour d’une monarchie absolue. Il croit fermement que le progrès repose sur les travailleurs et travailleuses, ce qui le pousse à co-fonder l’Union marocaine du travail (UMT) en 1955 et l’UNFP en 1959. À la tête du gouvernement de 1958 à 1960, il met en place un programme social-démocrate ambitieux, avant d’être évincé par Mohamed V, signant ainsi le début de son effacement progressif de la scène politique.
L’oubli d’Abdallah Ibrahim illustre un phénomène plus large : la marginalisation des figures qui ont osé proposer une alternative au pouvoir en place. Aujourd’hui encore, son héritage demeure peu enseigné et rarement évoqué dans le discours public, nous rappelant que l’écriture de l’histoire est aussi un enjeu de mémoire et de pouvoir.
Quelques sources consultées en format PDF:
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