Saïda Menebhi a milité au sein de Ila al-Amame (En avant), organisation socialiste-marxiste clandestine qui œuvrait pour l’avènement de la révolution socialiste au Maroc dans les années 1970. Elle a été arrêtée, et torturée dans le centre de détention illégal Derb Moulay Chérif, avant d’être jugée le 16 janvier 1976. Elle a été condamnée à cinq ans de prison, plus deux ans pour injure à magistrat. Elle est décédée le 11 décembre 1977, à l’âge de 25 ans, suite à la grève de la faim qu’elle a entreprise pour protester contre les conditions de détention des prisonnier-es politiques.
Saïda Menebhi a écrit plusieurs poèmes lors de sa détention,[1] dont les poèmes ci-dessous :
«Je t’avais déjà expliqué
mon enfant
non comme la maîtresse l’a fait
qu’en prison
il n’y a pas que les «truands»
ils y mettent ceux qui refusent
la corruption
le vol et la prostitution
ceux qui hurlent
pour que la terre appartienne à ceux qui la travaillent
ceux qui font fondre l’acier
pour créer le soc et la charrue
qui creusera la terre
où l’on sèmera l’amour
pour nourrir tous les enfants (…)»
«La prison, c’est laid
Tu la dessines, mon enfant
Avec des traits noirs
Des barreaux et des grilles
Tu imagines que c’est un lieu sans lumière
Qui fait peur aux petits
Aussi pour l’indiquer
Tu dis que c’est là-bas
Et tu montres avec ton petit doigt
Un point, un coin perdu
Que tu ne vois pas
Peut être la maîtresse t’a parlé
De prison hideuse
De maison de correction
Où l’on met les méchants
Qui volent les enfants
Dans ta petite tête
S’est alors posé une question
Comment et pourquoi
Moi qui suis pleine d’amour pour toi
Et tous les autres enfants
Suis-je là-bas ?
Parce que je veux que demain
La prison ne soit plus là.»
Pour une étude plus détaillée du sujet, consulter mon livre Femmes politiques au Maroc (Casablanca : Tarik Éditions, nov. 2013).
[1] Saida Menebhi, Poèmes, lettres, écrits de prison (Rabat : Éditions Feed-Back, 2000).