Cet article s’inscrit dans le cadre des récits historiques nouveaux, soit ceux qui font des gens ordinaires un sujet digne de l’Histoire, contrairement à l’historiographie classique qui limite son champ d’études principalement aux batailles, aux élites dirigeantes et à la vie des cours. Cela dit, Fatima est une esclave berbère maghrébine, qui vit à Malaga, dans le sud de l’Espagne, lors du 16ème siècle. Si son nom a été retenu en 1584 par les procès intentés entre autres aux musulmans convertis au christianisme lors de l’inquisition espagnole, c’est parce qu’elle s’est opposée à la parole d’un officier qui a affirmé l’avoir baptisée sur les demandes de cette dernière, lors de son hospitalisation, alors qu’atteinte de la peste. Suite à ce baptême, Fatima a été nommée Ana. Or, à sa sortie de l’hôpital non seulement Fatima a renié ce baptême, mais aussi elle a soutenu qu’elle est musulmane et qu’elle le demeurera. Offusqués, certains témoins l’ont dénoncée aux «inquisitors».
Rappelons ici que dans l’Espagne du 16ème siècle, les autorités religieuses regardent d’un mauvais œil les musulmans qui se convertissent au christianisme, parce qu’elles les soupçonnent de le faire uniquement pour pouvoir rester en Espagne, après que des décrets royaux aient ordonné l’expulsion des musulmans en 1502 et en 1526. Toutefois, en tant que propriété des Espagnols, les esclaves sont exempté-es de ces décrets. Or, malgré cette exemption, Fatima a été mise aux bancs des accusé-es. Devant son obstination, la cour a ordonné que Fatima reçoive deux cents coups de fouet, et qu’elle soit placée dans un couvent pour qu’elle reçoive une éducation appropriée concernant sa nouvelle religion.
Source consultée :
Mary Elizabeth Perry, “Finding Fatima, a Slave Woman of Early Modern Spain”, Journal of Women’s History 20. 1 (2008) : 151-167.