L’auteur inconnu du manuscrit Boulghat al-Oumnia a entrepris cette œuvre dans le but de faire connaître les grands savants et universitaires qui vivaient à Ceuta durant le règne de la famille royale mérinide au 15ème siècle (9ème siècle higri). Il semblerait que le but de l’auteur ait été d’enregistrer les derniers moments de cette région avant sa conquête par le Portugal, sachant que la prise de Ceuta par cette ancienne puissance coloniale a eu lieu le 21 août, 1415. Donc, c’est dans le cadre de cette œuvre que la femme médecin Aïcha Bint al-Jayyar a été mentionnée.
Aïcha Bint al-Jayyar est décrite comme une femme médecin brillante. Elle a été la fille du chaïkh et auteur Abi Abd Allah Ben al-Jayyar de Ceuta – le fait que les historiens ne retiennent que le père des personnes citées montre malheureusement l’esprit patriarcal des structures sociales. Quoi qu’il en soit, Aïcha Bint al-Jayyar a étudié la médecine auprès de son célèbre beau-père Abi Abd Allah Ach-charissi. Comme elle a excellé dans le domaine, elle a joui d’un grand statut au sein de Ceuta durant le 15ème siècle. L’auteur de Boulghat al-Oumnia rapporte que celle-ci avait une grande connaissance de la médecine et des médicaments, tout comme elle avait la capacité de «voir» dans l’eau, c’est-à-dire soit la capacité d’analyser l’urine soit celle d’étudier l’eau d’une région donnée et de déduire les maladies que cette eau pourrait véhiculer. Grâce à ces connaissances, Aïcha Bint al-Jayyar a été aimée des princes et élites gouvernantes, si bien qu’ils l’ont comblée de cadeaux et de dons généreux.
Aïcha Bint al-Jayyar est décédée alors qu’elle avait autour de 70 ans.
Sources consultées :
Abd al-Wahad Ibn Mansour ed., Boulghat al-Oumnia (Ribat : Al-Mathbaa al-Malakia, 1984), 55-56.
Abd Allah Kanoune, Al-noubough al-Maghribi, vol. 1 (Bayrouth : Maktabat al-Madrassah wa dar al-Kitab al-loubnani, 1981 ?), 215.