Jaouhar, ou al-Khizrane (première moitié du 17ème siècle)

Jawhar, connue par al-Khizrane, est la concubine d’Ahmad al-Mousour ad-Dahbi, grand sultan saadien.  Elle est la mère des princes Chaïkh al-Ma’moune, Abou Faris et Abou ‘Amir Abdallah. Certains historiens soutiennent qu’elle a eu une grande influence dans la cour royale, parce qu’elle est intervenue à plusieurs reprises pour favoriser la carrière politique de ses fils au détriment de celle des fils de ses rivales.

En effet, en premier lieu, al-Khizrane intervient auprès des savants et des oulamas de Marrakech pour les prier d’intercéder en faveur de son fils, Chaïkh al-Ma’moune, auprès du sultan, pour qu’il lui pardonne.  Rappelons à ce propos que Chaïkh al-Ma’moune a été gouverneur à Fès.  Or, il ne remplit pas convenablement ses fonctions.  Quand son père décide d’aller à Fès pour le réprimander autour de 1601-1602, al-Ma’moune unit son armée, et forme une alliance avec les Ottomans, dans le dessein de combattre son père.  Le sultan bat en retraite.  Cependant, il réussit ultérieurement à assiéger al-Ma’moune, et à  l’emprisonner à Meknès.  Suite à la demande d’al-Khizrane, les savants et oulamas interviennent auprès du sultan pour qu’il pardonne à son fils. Aussi, al-Mansour ad-Dhabi accepte d’envoyer une députation auprès d’al-Ma’moune pour le sonder.  Mais celui-ci ne s’est pas repenti.

En second lieu, quand le sultan Ahmad al-Mansour est décédé en 1603, Abou Faris succède à son père.  L’accession au pouvoir d’un des fils d’al-Khizrane est perçue comme un indicateur de son influence sur les ministres et les hommes d’État. D’ailleurs, lors de cette succession, il y a eu une rivalité vive entre Abou Faris et Zidane, fils de Chbania, une femme libre, c’est-à-dire qui n’est pas esclave comme al-Khizrane. Quand les habitants de Marrakech ont porté au pouvoir Abou Faris, des oulamas ont convoqué Abi Qasim ben Abi An-Naïm, cadi de la communauté, ainsi que son Mufti Abi Abd Allah Mohamed Qasar, et leur ont reproché leur soutien pour Zidane, sous prétexte que les fils des concubines ne doivent pas devancer ceux des femmes libres.

Sources consultées :
Mohammad al-Saghir al-Ifrani, Nozhet el-hadi bi akhbar moulouk el-karn el-Hadi (Dar al-Bayda : Matbaat an-najah, 1998), 146-147.  Pour une version française consulter : Mohammad al-Saghir al-Ifrani, Nozhet el-hadi bi akhbar moulouk el-karn el-Hadi, Histoire de la dynastie saadienne au Maroc : 1511-1670, trad. et ed. Octave V. Houdas (Paris : Ernest Leroux, 1889), 268-285.

Ahmed An-nassiri, Kitab al-istiqsa (Dar Bayda :Dar al-Kitab, 1956), vol. 4, 79-81 & 86.

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