I’timad al-Roumaykiya (2ème moitié du 11ème siècle) (miladi)

I’timad fait partie des femmes qui ont été célèbres dans l’histoire politique de l’Andalousie.  En effet, celle-ci est entrée dans l’histoire quand elle a rencontré le sultan  al-Mu’tamid Ibn Abbad, qui a régné à Séville de 1068 à 1091.  À ce propos rappelons que la chute du califat omeyyade en Andalousie a donné naissance au règne des moulouk at-tawaïf, soit le règne des rois des principautés. Al-Mu’tamid Ibn Abbad est considéré comme l’un des plus puissants de ces rois.

Lors d’une promenade le long du fleuve Guadalquivir, le roi s’est senti d’humeur poétique.  Il a alors composé un vers.  Puis, il s’est tu, laissant par là  à son vizir et poète Ibn ‘Ammar l’occasion de compléter le poème.  Mais contre toute attente, c’est I’timad, une esclave qui lavait du linge au bord du fleuve, qui a répondu aux attentes du roi.  Charmé autant par la beauté que par les dons poétiques de celle-ci, le sultan l’achète auprès de son maître, Roumayk Ibn Hajjaj, ce qui explique le surnom d’I’timad al-Roumaykiya.

Sans tarder, I’timad devient la favorite d’al-Mu’tamid, et l’est demeurée jusqu’à la fin de sa vie. Par ailleurs, elle a eu un grand ascendant sur lui.  À en croire l’historien Ibn Abbar, I’timad a dominé le sultan à un tel point qu’il n’épargne aucun moyen pour satisfaire ses désirs. À titre d’exemple, les historiens rapportent qu’un jour, I’timad a envié des esclaves qui marchaient dans la boue, parce que ça lui rappelait la liberté qu’elle a perdue en épousant le sultan.  Retenant ces paroles, al-Mu’tamid lui prépare une surprise : il a donné l’ordre aux employés du palais de confectionner une boue à l’eau de rose pour que sa bien-aimée puisse y patauger à son guise.  Pourtant, plus tard, lors d’une dispute d’amoureux, I’timad reproche au sultan de ne rien faire pour elle.  Celui-ci a alors rétorqué : «pas même un jour dans la boue ?!»

Certains historiens avancent l’hypothèse selon laquelle I’timad aurait contribué à l’affaiblissement du pouvoir d’al-Mu’tamid.  Selon ces récits, elle l’aurait entraîné dans un engrenage de dissipation et de recul des valeurs religieuses.  Quoi qu’il en soit, I’timad est mentionnée par la fatwa des fouqahas du conquéreur Almoravide Youssef Ben Tachfine, quand ce dernier s’est accaparé de Séville, et a exilé al-Mu’tamid à Aghmat, centre culturel d’importance à l’époque, et qui est situé à proximité de Marrakech.

I’timad est décédée à Aghmat.

Pour une étude plus détaillée du sujet, consulter mon livre Des Femmes politiques au Maroc (Nov. 2013).

Sources consultées :
Ahmad Ibn Muhammad al-Maqqari, Nafh al-tib min ghusn al-andalus al-ratib (Amsterdam : Oriental Press, 1967) vol. 2, 568-585.

Abd al-Hadi Tazi, al-Mar’ah fi tarikh al-gharb al-islami (Casablanca : Fennec, 1993), 187-188.

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